01/23/2025
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Les forces françaises entament leur retrait du Tchad avec le départ des Mirage 2000D

Le 28 novembre, alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, venait de quitter N’Djamena, le gouvernement tchadien a fait connaître son intention de dénoncer les accords de coopération militaire avec la France. Et donc de demander le départ des troupes françaises de la base aérienne 172 « Sergent chef Adji Kosseï ».

Cette décision a pu sembler surprenante, étant donné que la France a toujours soutenu le président Idriss Déby Itno et qu’elle montré de la mansuétude quand, après sa mort, son fils, Mahamat Idriss Déby, a pris les rênes d’une Conseil militaire de transition formé pour préparer sa succession.

Mais, en réalité, elle n’a pas été un coup de tonnerre dans un coin de ciel bleu, les relations entre Paris et N’Djamena ayant été assombries par une enquête préliminaire du Parquet national financier [PNF] visant le président tchadien, celui-ci étant soupçonné de « détournement de fonds publics et recel » après avoir acheté pour plus de 900 000 euros de costumes en France. La facture aurait été réglée en deux fois, via la société MHK Full Business, établie à N’Djamena. Puis, les investigations ont été élargies au patrimoine immobilier de la famille Déby.

Cela étant, les enquêtes du PNF ne seraient pas à l’origine de la décision tchadienne. Celle-ci aurait été motivée par trois raisons. La première est que, selon RFI, le président Déby a déploré le manque de coopération des forces françaises lors d’une attaque d’envergure lancée par le groupe jihadiste Boko Haram contre un poste avancé de l’armée tchadienne dans la région du Lac Tchad, en octobre dernier.

« La France n’aurait pas alors fourni des informations à sa disposition […] sur les mouvements des jihadistes et aurait également refusé de fournir un appui militaire aérien à ce moment-là, malgré les demandes du Tchad », a avancé RFI, en se basant sur les confidences de sources locales. En outre, le président tchadien n’aurait pas apprécié que M. Barot ait demandé un report des prochaines élections législatives et locales, prévues le 29 décembre, pour qu’elles soient « plus inclusives ».

La troisième raison a été détaillée lors d’une réunion de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, le 4 décembre. Ainsi, de retour d’un déplacement au Tchad et en Afrique du Sud, le sénateur Ronan Le Gleut a expliqué que la décision tchadienne était un « effet collatéral de la guerre civile au Soudan ».

« Le Tchad est en effet accusé de soutenir le général Hemetti [le chef des Forces de soutien rapide] contre le général Burhan [le Président du Conseil de souveraineté de transition de la république du Soudan], notamment par l’envoi d’armes fournies par les Émirats Arabes Unis, qui soutiennent eux-mêmes fortement Hemetti », a d’abord rappelé le sénateur.

Selon lui, des rebelles tchadiens combattraient dans les rangs du général Burhan. D’où le soutien du Tchad au rival de ce dernier. Soutien par ailleurs encouragé par les Émirats arabes unis, via un prêt de 500 millions de dollars octroyé à N’Djamena.

« Or la France a récemment demandé plusieurs fois au président tchadien de rester neutre dans la crise soudanaise, ce qui aurait été mal reçu. On comprend aisément pourquoi, le Tchad étant un État fragile constamment menacé par des rébellions contre lesquelles la France a toujours été son meilleur allié, qu’elles viennent de Libye au Nord ou du Soudan au Sud. Mais justement, les annonces successives de retrait français ont peut-être fini par jeter le doute sur la volonté de la France de rester un partenaire fort du Tchad », a résumé M. Le Gleut.

Quoi qu’il en soit, Paris ayant pris acte de la décision tchadienne, il ne restait plus à l’État-major des armées [EMA] qu’à préparer le retrait des forces françaises du Tchad. Ce qui était déjà plus ou moins prévu étant donné qu’il était déjà question de réduire significativement la présence militaire dans ce pays, en n’y maintenant que 300 militaires.

Ce retrait a d’ailleurs commencé ce 10 décembre, avec le départ du détachement « chasse » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] de la BA 172 « Sergent chef Adji Kosseï ».

« Le 28 novembre 2024, le ministère des affaires étrangères de la République du Tchad a annoncé mettre fin à l’accord de coopération militaire unissant le Tchad et la France. Prenant acte de cette décision et dans la continuité de l’évolution de leur présence militaire en Afrique, les armées françaises retirent ce jour la capacité chasse présente à N’Djamena. La présence de ces avions répondait à un besoin d’appui exprimé par le partenaire », a en effet annoncé l’EMA.

Selon une source « proche du dossier » citée par l’AFP. « deux Mirage 2000D [de la 3e Escadre de chasse] accompagnés d’un avion ravitailleur ont décollé peu avant 12H30 GMT. Un troisième chasseur-bombardier devait suivre.

Jusqu’à présent, les « Forces françaises au Sahel », uniquement présentes au Tchad après les retraits du Mali, du Burkina Faso et du Niger, comptaient environ un millier de militaires. Les modalités de leur « désengagement » font « l’objet de coordination avec les autorités tchadiennes », a expliqué l’EMA.

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