Le Sénégal a marqué ce dimanche le 80e anniversaire d'un massacre colonial français survenu en 1944, un événement susceptible de raviver les tensions entre la France et son ancienne colonie. Le 1er décembre 1944, entre 35 et 400 soldats ouest-africains, qui avaient combattu pour l'armée française lors de la bataille de France en 1940, ont été tués par des soldats français après ce qui fut qualifié de mutinerie, déclenchée par des salaires impayés.
Ces soldats faisaient partie des Tirailleurs sénégalais, une unité d'infanterie coloniale de l'armée française. Bien que des désaccords concernant les salaires impayés aient existé dans les jours précédant le massacre, le 1er décembre, les troupes françaises se sont retournées contre les soldats ouest-africains, en grande majorité désarmés, les abattant à bout portant.
Les victimes sont censées être enterrées dans un cimetière à Thiaroye, en banlieue de Dakar, mais toutes les tombes sont anonymes et l'emplacement exact des corps demeure inconnu, tout comme le nombre de tués. Les circonstances et l'ampleur des meurtres restent imprécises.
Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a été accompagné d'autres leaders africains au cimetière de Thiaroye pour rendre hommage aux victimes en déposant des gerbes. Pendant des décennies, les autorités françaises ont cherché à minimiser l'ampleur du massacre. Après les événements, les rapports militaires français évoquaient 35 soldats tués en raison d'une « mutinerie », et d'autres mentionnaient 70 morts. Cependant, des historiens français et sénégalais estiment aujourd'hui que le nombre réel de victimes se chiffre probablement en centaines, certains parlant de près de 400, en se basant sur les effectifs présents sur le site lors du massacre.
Après des années de silence, le gouvernement français a finalement reconnu cet événement comme un massacre cette semaine.