Plusieurs milliers de Touaregs maliens qui avaient trouvé refuge près de Tinzaouatène, en Algérie, ont été contraints lundi de retourner du côté malien de la frontière. Cette expulsion ne concerne pas la totalité des Touaregs maliens qui ont trouvé refuge en Algérie ces dernières années : depuis un peu plus d’un an, pour ceux qui ont fui l’arrivée de l’armée malienne et de ses supplétifs Wagner dans la région de Kidal, depuis plus de deux années pour ceux qui avaient fui les violences de l’État islamique dans la région de Ménaka – il ne s’agit ici que les vagues les plus récentes. L’expulsion mise en œuvre lundi concerne un site précis.
Ils avaient reçu dimanche un ultimatum de la part des forces algériennes : s’ils ne partaient pas, leurs affaires seraient incendiées. Selon plusieurs sources locales, sécuritaires, civiles et humanitaires, ce sont des familles réfugiées à l’est de la partie algérienne de la ville de Tinzaouatène qui ont dû précipitamment franchir lundi l’oued les séparant du territoire malien. À pied, en plein désert, avec femmes et enfants, trimballant tant bien que mal vêtements et couvertures.
Des bagarres avaient eu lieu sur un site que les autorités algériennes soupçonnaient d’abriter divers trafics, notamment d’armes.
Il ne s’agit donc pas d’une expulsion généralisée mais d’une mesure ciblée, même si c’est la totalité des familles installées sur ce site qui en ont fait les frais. Des Touaregs, daoussak essentiellement, qui avaient fui la sanglante offensive déclenchée en mars 2022 par le groupe État islamique dans la région de Ménaka, et qui avait fait près d’un millier de morts en un an, selon les estimations des communautés locales.
Une source humanitaire note que des dizaines de milliers de Touaregs du Mali sont toujours présents en Algérie accueillis, ou plutôt tolérés puisqu’ils ne disposent pas du statut de réfugié et ne peuvent pas déposer de demandes d’asile. Les autorités algériennes tentent d’éviter les regroupements et aucun « camp de réfugié » n’a été ouvert dans le pays pour les Maliens venus y chercher protection, contrairement au cas de M’Bera en Mauritanie.