Le 26 août, le ministre danois des Affaires étrangères annonce la fermeture de ses ambassades au Burkina Faso et au Mali. En cause, l’instabilité sécuritaire limitant les capacités d’intervention dans le Sahel. Ce retrait est le dernier exemple de l’isolationnisme dommageable que ces États vivent. Des impératifs sécuritaires aux projets économiques, présentation des différents aspects de l’Alliance des États du Sahel.
Le 16 septembre, à Bamako, la Charte du Liptako-Gourma est signée par les États du Mali, du Burkina-Faso et du Niger. Concrétisant la naissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), cet accord fait suite aux coups d’États orchestrés par les militaires. Par la suite, l’Alliance devient la Confédération des États du Sahel, dont les enjeux et projets sont multiples.
La Confédération doit répondre à différents défis. L’aspect sécuritaire, caractérisée par la lutte contre les djihadistes, permet la venue au pouvoir des autorités actuelles et le recours aux mercenaires de Wagner. Pour autant, la résurgence de groupes terroristes reste un problème majeur et la situation est loin d’être maîtrisée. En 2023, selon le rapport de l’Institut pour l’économie et la paix, 310 attaques provoquent la mort de 1 135 personnes et font 496 blessés au Burkina Faso en 2022. Le nombre d’opérations terroristes dans la région du Sahel est en augmentation, soit plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années, indique le document. D’autre part, le rejet des autorités au pouvoir vis à vis des acteurs humanitaires ne permet pas d’endiguer les problèmes de malnutrition, notamment au Burkina Faso. Le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) fait un état alarmant au Sahel, de 24,7 millions de personnes dans une situation d’urgence humanitaire avérée.
Une ambition économique irréalisable
L’aspect économique est un autre secteur que la Confédération projette de développer. Un plan audacieux, visant à élargir le domaine de la mutualisation.
La création de son propre système économique sous la forme d’une banque centrale, ou encore d’une monnaie interne à l’espace commun, est envisagée. Un projet particulièrement difficile à mener vu les sanctions économiques mises en place par la CEDEAO et de la suppression des aides étrangères. « Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO », affirme le Général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire nigérien, marquant la dégradation des relations entre la CEDEAO et l’AES. Des sanctions qui ont depuis été levées, mais qui n’ont en rien amélioré le dialogue entre les deux camps. Dans un contexte de mondialisation économique, l’isolation que doit affronter l’AES pour son développement est un réel défi.
Un autre aspect, plus culturel cette fois, serait une utilisation de langues locales dans les médias. Illustrant une volonté supplémentaire de s’isoler de la mondialisation d’une part, cela encouragerait d’autre part un repli identitaire, là où les fragmentations communautaires sont déjà bien présentes.
La Confédération des États du Sahel créée le 6 juillet, ambitionne d’être un espace commun de libre échange entre trois pays sujets à de multiples crises sécuritaires. La « souveraineté » prônée par les autorités au pouvoir des pays membres n’encourage pas son développement. Dans un contexte de mondialisation, l’isolationnisme dont font preuve les États de l’AES revêt un caractère inquiétant pour une population en urgence humanitaire.