Des centaines de civils, réquisitionnés par la junte au pouvoir pour creuser des tranchées destinées à protéger leur village, ont été sauvagement tués par des djihadistes samedi 24 août à Barsalogho, situé dans le centre-nord du Burkina Faso. Ce massacre représente l’attaque djihadiste la plus meurtrière de l’histoire du pays.
Le lundi 26 août, les femmes du village ont dû se charger de creuser les tombes pour les victimes, une tâche qu’elles ont reprise après l’attaque du jour précédent. Selon des témoignages, presque tous les hommes du village ont été tués ou blessés. Une personne originaire de Barsalogho, qui a perdu huit membres de sa famille lors de l’attaque, rapporte que « il ne reste presque plus qu’elles dans le village ».
En début de matinée le 24 août, une dizaine de djihadistes ont attaqué des centaines d’hommes qui, sur ordre de la junte, étaient en train de creuser une tranchée autour de Barsalogho. Cette tranchée devait servir de protection contre les attaques récurrentes des groupes armés. Des vidéos réalisées par les assaillants et visionnées par *Le Monde* montrent des corps ensanglantés éparpillés dans l’excavation, entourés par des pelles et des pioches abandonnées. Les vidéos capturent aussi des djihadistes tirant sur les hommes, certains exécutant à bout portant ceux qui tentaient de fuir.
D’après les sources sécuritaires, humanitaires et locales consultées par *Le Monde*, l’attaque a fait plusieurs centaines de victimes. Le bilan est estimé à plus de 110 cadavres visibles dans les extraits vidéo, mais selon le Collectif justice pour Barsalogho (CJB), le nombre total de victimes pourrait atteindre « au moins 400 ». Le CJB, qui a été constitué immédiatement après le drame et qui garde l’anonymat de ses membres par crainte de représailles de la junte, a confirmé que les populations avaient été contraintes sous la menace des militaires à participer aux travaux de creusement.
Les jours précédant l’attaque, seuls quelques civils avaient accepté de participer à ces travaux, situés à environ 3 kilomètres du village, près des positions du GSIM, qui depuis deux ans impose un blocus sur Barsalogho. Les villageois avaient alerté le chef du détachement militaire sur le risque d’attaque, mais leurs avertissements ont été ignorés. Cette négligence s’ajoute à une précédente exécution de trente membres des Volontaires pour la défense de la patrie par le GSIM à 25 kilomètres de là, signalant une situation de plus en plus désespérée pour les civils de la région.