Alors que l’attention mondiale se concentre sur l’offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk, la situation sur la ligne de front est, et en particulier à Pokrovsk, se détériore rapidement.
De notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze
Avec son offensive sur Koursk, l’Ukraine espérait inciter Moscou à redéployer une partie de ses troupes depuis le front est. Bien que des unités aient été transférées du sud de l’Ukraine vers Koursk, un front reste inchangé : celui de Pokrovsk, où les combats sont parmi les plus intenses. Chaque jour, les forces russes avancent un peu plus, multipliant les assauts et les bombardements pour se rapprocher de la ville.
Pokrovsk, ville de 60 000 habitants, accueille déjà des milliers de déplacés internes ayant fui l’occupation russe. À ceux-ci s’ajoutent quotidiennement d’autres personnes n’ayant plus d’autre choix que de partir. Face à l’avancée russe, le gouverneur militaire de la région exhorte toute la population à évacuer, anticipant ce qui pourrait être la prochaine grande bataille du front est : celle de Pokrovsk.
Les récents affrontements rappellent les batailles dévastatrices de Bakhmut et Avdiivka. Les habitants de Pokrovsk craignent que leur ville ne subisse le même sort, réduite en ruines par les frappes incessantes des forces russes. Selon des sources locales, l’armée ukrainienne s’efforce de renforcer ses défenses, mais l’issue demeure incertaine.
Contexte et implication stratégique
L’Ukraine espérait que l’incursion à Koursk entraînerait une dispersion des forces russes, affaiblissant ainsi leur capacité à mener des offensives ailleurs. Cependant, la situation sur le terrain reste complexe. D’un côté, les combats à Koursk ont surpris l’armée russe, mais de l’autre, les forces russes continuent de concentrer leurs efforts sur des cibles stratégiques comme Pokrovsk.
En parallèle, les autorités ukrainiennes ont récemment affirmé que l’offensive à Koursk visait à contraindre Moscou à accepter des négociations « équitables » après plus de deux ans et demi d’invasion. Kiev espère utiliser les territoires russes conquis comme levier stratégique lors de futures négociations avec le Kremlin.
À noter que ce vendredi, les autorités russes ont annoncé l’évacuation et le blocage de cinq villages situés près de la frontière ukrainienne dans la région de Belgorod, voisine de Koursk. « À partir du 19 août, nous bloquons l’accès à cinq localités, évacuons les habitants et aiderons à déplacer les biens », a fait savoir sur Telegram le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov, cité par l’Agence France-Presse, précisant que l’accès à un sixième village serait également « temporairement » interdit.