Le premier ministre israélien a été acclamé par les républicains, lors de son discours, mercredi. « Donnez-nous les outils plus rapidement, et nous finirons le travail plus vite », a-t-il réclamé, plaçant la guerre à Gaza dans un contexte de lutte contre un « axe de la terreur de l’Iran ».
Benyamin Nétanyahou était venu chercher à Washington une audience dont il ne peut plus rêver dans son propre pays, comme dans bien d’autres. Il fait en effet l’objet d’une demande de mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Devant les deux chambres du Congrès des Etats-Unis, réunies pour l’entendre, mercredi 24 juillet, le premier ministre israélien a trouvé, principalement sur les bancs républicains, un public qui s’est levé et relevé pour lui durant 52 minutes, prêt à lui offrir près de cinquante ovations.
Ces applaudissements, qui appartiennent à un rituel, n’ont cependant pas masqué les absences nombreuses dans les rangs démocrates à commencer par celle de la vice-présidente, Kamala Harris, également présidente du Sénat et opportunément en déplacement dans l’Indiana. Sa remplaçante immédiate selon le protocole, la sénatrice démocrate de l’Etat de Washington, Patty Murray, en tant que doyenne, s’était également faite porter pâle. Ces absences étaient la traduction de l’exaspération suscitée par la conduite de la guerre particulièrement sanglante d’Israël à Gaza après les massacres de civils israéliens perpétrés par le Hamas palestinien, le 7 octobre 2023. La veille, le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders avait évoqué « une journée unique ». « Ce sera la première fois dans l’histoire américaine qu’un criminel de guerre aura [l’]honneur » de s’exprimer devant le Congrès, avait-il grincé.
Face aux élus américains, Benyamin Nétanyahou a tenu un discours attendu en présentant cette guerre comme « existentielle » pour l’Etat hébreu et en réduisant le conflit israélo-palestinien à un élément d’un combat plus large contre un « axe de la terreur de l’Iran » qui « défie les Etats-Unis, Israël et nos amis arabes ». Il a assuré que son pays est « en première ligne » de ce combat, qui n’est pas selon lui « un choc des civilisations », mais « un choc entre la barbarie et la civilisation », « entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui sanctifient la vie ». « Donnez-nous les outils plus rapidement, et nous finirons le travail plus vite », a ajouté le premier ministre, en quête d’une nouvelle aide militaire américaine.
Ce faisant, Benyamin Nétanyahou ne laissait aucune place à la moindre critique, niant tout autant un usage disproportionné de la force que la responsabilité d’Israël dans la situation humanitaire effroyable dans laquelle se trouvent les Palestiniens de Gaza.
Cette présentation lui a permis également de dénigrer les manifestants qui s’étaient rassemblés sous haute surveillance policière dans la capitale fédérale – dont des parents d’otages israéliens capturés le 7 octobre 2023 – pour dénoncer les massacres de civils produits par des bombardements israéliens depuis dix mois avec des armes en provenance des Etats-Unis. « Vous devriez avoir honte. (…) Vous êtes devenus officiellement les idiots utiles de l’Iran », a-t-il assuré en insinuant que la République islamique manipulait les mouvements de protestation apparus dans tout le pays, notamment dans des universités.