La vice-présidente Kamala Harris s’est empressée de rallier les délégués démocrates à sa campagne pour la Maison-Blanche, après le retrait du président Joe Biden.
Le départ de M. Biden, annoncé dimanche, motivé par les inquiétudes des démocrates quant à son aptitude à exercer ses fonctions, a constitué un changement sismique dans la course à la présidentielle qui a bouleversé les plans soigneusement élaborés des deux principaux partis politiques pour la course de 2024.
Dans le but de mettre derrière eux des semaines de drames intrapartis autour de la candidature de M. Biden, d’éminents élus démocrates, des dirigeants de partis et des organisations politiques se sont rapidement alignés derrière Mme Harris dans les heures qui ont suivi l’annonce par M. Biden de son abandon de sa campagne de réélection.
Le départ de M. Biden permet à ses délégués de voter pour qui ils veulent. Mme Harris, que M. Biden a soutenue après avoir mis fin à sa candidature, est jusqu’à présent la seule candidate déclarée et s’efforçait d’obtenir rapidement le soutien d’une majorité de délégués.
Ce n’est que le premier élément d’une liste de tâches politiques stupéfiante pour elle après la décision de M. Biden de quitter la course, qu’elle a apprise lors d’un appel dimanche matin avec le président. Si elle parvient à garantir l’investiture, elle doit également choisir un candidat à la vice-présidence et lancer une opération politique massive pour renforcer sa candidature au lieu de celle de M. Biden à un peu plus de 100 jours du jour du scrutin.
Dimanche après-midi, la campagne de M. Biden a officiellement changé son nom pour devenir «Harris à la présidence», reflétant qu’elle hérite de son opération politique de plus de 1000 collaborateurs et d’un trésor de guerre qui s’élevait à près de 96 millions $ à la fin du mois de juin.
Mme Harris a passé une grande partie de la journée de dimanche entourée de sa famille et de son personnel, effectuant plus de 100 appels à des responsables démocrates pour s’assurer de leur soutien à sa candidature, selon une personne proche du dossier qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat pour discuter de cet effort. Cela survient alors qu’elle tente de faire passer son parti au-delà des douloureuses querelles publiques qui ont défini les semaines écoulées depuis le débat désastreux de M. Biden le 27 juin avec M. Trump.
S’adressant aux chefs du parti, Mme Harris a exprimé sa gratitude pour le soutien de M. Biden, mais a insisté sur le fait qu’elle cherchait à remporter l’investiture à part entière, a indiqué cette personne informée du dossier.
Signe que le Parti démocrate était sur le point de s’unir derrière elle, Mme Harris a rapidement obtenu le soutien des dirigeants de plusieurs caucus et d’organisations politiques influentes. Parmi elles, on compte notamment l’AAPI Victory Fund, qui se concentre sur les électeurs américains d’origine asiatique et insulaires du Pacifique, le Collective PAC, axé sur la construction du pouvoir politique noir, et du Latino Victory Fund. Elle a aussi eu le soutien des présidents du Congressional Progressive Caucus et du Congressional Hispanic Caucus, et de l’ensemble du Congressional Black Caucus. Mme Harris, si elle était élue, serait la première femme et la première personne d’origine sud-asiatique à être présidente.
Une poignée de politiciens qui ont déjà été évoqués comme candidats potentiels à la vice-présidence de Mme Harris – le gouverneur de la Pennsylvanie Josh Shapiro, le gouverneur de la Caroline du Nord, Roy Cooper, et le sénateur de l’Arizona, Mark Kelly, – ont également rapidement publié des déclarations la soutenant. Les assistants de M. Shapiro et de M. Cooper ont confirmé que Mme Harris leur avait parlé dimanche après-midi. Lors de son bref appel avec M. Cooper, le gouverneur de la Caroline du Nord a dit à Mme Harris qu’il la soutenait pour être la candidate démocrate, selon la porte-parole de M. Cooper, Sadie Weiner.
Toutefois, l’ancien président Barack Obama a hésité à apporter son soutien immédiat, car certains membres du parti ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le passage rapide à Mme Harris puisse ressembler à un couronnement, promettant plutôt son soutien au candidat éventuel du parti.
Pendant ce temps, le sénateur de la Virginie-Occidentale, Joe Manchin, qui a quitté le parti plus tôt cette année pour devenir indépendant, envisage de se réinscrire en tant que démocrate pour concourir à l’investiture contre la vice-présidente, selon Jonathan Kott, conseiller de longue date de M. Manchin.
Une première apparition lundi
Mme Harris devait faire sa première apparition publique lundi matin à la Maison-Blanche, où elle doit prendre la parole lors d’un événement honorant les équipes championnes de la National Collegiate Athletic Association. Elle remplace M. Biden, qui se remet après avoir contracté la COVID-19 la semaine dernière.
Mme Harris, dans un communiqué, a salué «l’acte altruiste et patriotique» de M. Biden en décidant de quitter la course et a déclaré qu’elle avait l’intention de «mériter et de gagner » l’investiture de son parti.
«Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour unir le Parti démocrate – et unir notre nation – afin de vaincre Donald Trump et son programme extrême du Projet 2025», a-t-elle déclaré.
M. Biden prévoyait de discuter de sa décision de se retirer plus tard cette semaine dans un discours à la nation. Il a écrit dans une lettre publiée dimanche sur le réseau social X : «Je crois qu’il est dans l’intérêt supérieur de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’accomplissement de mes fonctions de président pour le reste de mon mandat».
Près de 30 minutes après avoir annoncé qu’il abandonnait sa campagne, M. Biden a apporté son soutien à Mme Harris.
«Aujourd’hui, je veux offrir mon plein soutien et mon approbation à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année», a-t-il affirmé dans une autre publication sur X. «Démocrates, il est temps de s’unir et de battre Trump.»
La convention nationale démocrate doit se tenir du 19 au 22 août à Chicago, mais le parti avait annoncé qu’il organiserait un appel virtuel pour nommer officiellement M. Biden avant le début des procédures en personne. Le comité des règles de la convention doit se réunir cette semaine pour finaliser son processus de nomination et on ne sait pas comment il sera ajusté pour refléter le départ de M. Biden.
La présidente du Congressional Hispanic Caucus, Nanette Barragan, qui a souligné qu’elle était «à fond» derrière la vice-présidente, a indiqué qu’elle s’était entretenue dimanche avec Mme Harris, qui lui a fait savoir qu’elle préférait renoncer à un appel nominal virtuel pour le processus de nomination et le remplacer par un processus respectant l’ordre habituel.
Le président du comité national démocrate, Jaime Harrison, a déclaré dans un communiqué que le parti «entreprendrait un processus transparent et ordonné» pour sélectionner «un candidat capable de vaincre Donald Trump en novembre».