Un enjeu complexe provoque des réactions complexes parmi les athlètes canadiens qui se rendront à Paris pour les Jeux olympiques et paralympiques.
Les comités internationaux olympiques et paralympiques ont permis à certains athlètes russes et biélorusses de participer aux Jeux d’été de 2024, un sujet qui fait jaser.
Le rideau venait à peine de tomber sur les Jeux d’hiver de Pékin en 2022 que la Russie commençait son invasion de l’Ukraine avec l’appui du Bélarus.
Le CIO permettra à plusieurs athlètes russes et biélorusses qui peuvent prouver qu’ils n’appuient pas l’invasion de participer aux Jeux de Paris en tant qu’«athlètes individuels neutres». Aux Jeux paralympiques, ils le feront en tant qu’«athlètes paralympiques neutres».
Selon le site du CIO, 15 athlètes russes et 17 athlètes biélorusses avaient accepté des invitations pour participer aux Jeux de Paris sous cette bannière neutre, en date du 21 juillet. Vingt-huit autres auraient refusé l’invitation.
Aucun athlète de ces pays ne pourra participer aux compétitions par équipe. Les drapeaux, les hymnes et les couleurs des deux pays ne seront pas permis et aucun représentant des gouvernements de la Russie et du Bélarus n’a été invité à Paris.
Les Jeux olympiques commenceront officiellement vendredi, avec la présentation de la cérémonie d’ouverture. Cependant, certaines compétitions commencent mercredi. Les Jeux paralympiques auront lieu du 28 août au 8 septembre.
Plusieurs fédérations sportives internationales ont banni les athlètes russes et biélorusses depuis l’invasion. La plupart des athlètes canadiens se sont habitués à leur absence.
«Je suis plus curieuse de voir comment ça se passera dans le Village olympique pour les athlètes ukrainiens, en sachant qu’ils pourraient croiser des athlètes russes. Est-ce que ça créera de la tension? Un malaise?», a souligné l’haltérophile Maude Charron.
La Russie n’a pas été reconnue comme un pays aux Jeux olympiques depuis les Jeux de Rio en 2016 en raison des preuves de dopage appuyé par l’État aux Jeux de Sotchi, en 2014, en Russie.
Et c’est le dopage qui agace toujours le spécialiste de la marche Evan Dunfee.
«Ils n’ont pas fait le ménage. Ils n’ont pas admis leurs torts, a-t-il dit. Il existe toujours des problèmes systémiques du côté du dopage. Je vois plus ça comme ça parce que c’est quelque chose que je comprends mieux.»
L’avocat montréalais Dick Pound a 44 ans d’expérience comme membre du CIO et il a vécu l’exclusion de l’Afrique du Sud en raison de l’apartheid et les boycottages des Jeux de 1980 et 1984.
Maintenant membre honorifique du CIO, Pound ressent certaines contradictions dans les décisions des dirigeants.
«Il y a ce conflit entre la philosophie selon laquelle les Jeux olympiques accueillent tout le monde et que vous n’êtes pas étiqueté en raison de votre passeport. Ça contredit le désir politique de sanctionner tous les Russes et Biélorusses», a dit Pound.
«C’est une situation complexe, mais je pense que le message demeure que tout le monde qui n’est pas impliqué dans la guerre ou le conflit est le bienvenu»», a-t-il ajouté.
Il y aura beaucoup moins d’athlètes neutres à Paris qu’il y avait de représentants du Comité olympique russe aux Jeux de Tokyo (335) et de Pékin (215). Leur présence demeure un enjeu dans le monde du sport.
«Je veux appuyer l’Ukraine et les athlètes ukrainiens, a dit le coureur de fond Charles Philibert-Thiboutot. Si j’étais un athlète ukrainien et que je devais me présenter à la ligne de départ aux côtés d’un athlète russe, je serais dévasté. Cependant, je trouve que de mettre des conditions associées à l’engagement politique ou avec l’armée demeure un terrain glissant.»
Puisque d’autres conflits ont lieu à travers le monde, il est aussi facile de comparer les situations et se demander pourquoi les mêmes sanctions ne sont pas appliquées contre des athlètes d’autres pays.