Les arrestations motivées politiquement ainsi que les ordonnances de silence ont rendu impossible la tenue d'élections démocratiques en octobre, selon les principaux partis d’opposition en Tunisie. Ces partis font partie du Front du salut national, une coalition regroupant des opposants laïques et islamistes.
Riadh Chaibi, un membre éminent du parti islamiste Ennahda, a souligné lors d'une conférence de presse à Tunis que les récentes arrestations avaient un message clair. Il a mentionné que près de 300 personnes étaient actuellement détenues pour des raisons politiques, parmi lesquelles figuraient des personnalités comme Abir Moussi du parti Destourien libre et Rached Ghannouchi d'Ennahda.
Pour les opposants du président Kais Saied, la répression contre les dissidents a semé la peur, rendant pratiquement impossibles les activités de campagne telles que la collecte de signatures, ce qui a conduit à l'option du boycott des élections. Cette décision, selon l'opposition, arrange le pouvoir en place. Riadh Chaibi a souligné que les autorités semblaient confortées par ce boycott, qui leur permettrait de poursuivre le processus électoral sans opposition politique.
Le climat politique reste très tendu en Tunisie. Ennahda, qui avait dominé la scène politique depuis le printemps arabe de 2011, a subi un nouveau revers avec l'arrestation ce week-end de son secrétaire général, Ajmi Lourimi, ainsi que de deux autres membres du parti lors d'un contrôle routier.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Kais Saied en 2019, les arrestations politiques sont devenues de plus en plus fréquentes en Tunisie, marquant un recul perçu par ses critiques comme une inversion du chemin vers la démocratie, malgré le rôle historique de la Tunisie comme modèle d'espoir dans la région. Le pays avait été pionnier du printemps arabe, renversant plusieurs dictatures et même reçu un prix Nobel de la paix pour son compromis politique.