Le spectacle « Yé » de la compagnie guinéenne Circus Baobab remporte un franc succès au théâtre de la Scala Provence depuis le début du festival d’Avignon, attirant une foule nombreuse. Treize jeunes artistes dynamiques originaires de Conakry livrent un message percutant : malgré des ressources limitées, le succès est à portée de main.
Mamadouba Youla, acrobate-danseur, explique : « Nous utilisons les arts du cirque comme un outil d’inclusion sociale. À Conakry, nous avions peu de soutien et pas de tapis de sécurité ; nous nous entraînions près de la mer ou parfois dans la rue. C’est là que j’ai rencontré mes amis qui sont aujourd’hui avec moi. »
Les performances physiques impressionnantes de ces talentueux circassiens comprennent des pyramides humaines vertigineuses, des acrobaties et des contorsions époustouflantes. Seules deux femmes font partie de la troupe. Aïcha Keita, acrobate voltigeuse, relève ce défi par passion pour la danse, l’acrobatie et la voltige : « J’ai appris cet art en Guinée grâce à mon oncle, le frère de ma mère, qui était dans ce métier. Il m’a tout enseigné, ainsi qu’à ma sœur. Ma cousine et moi sommes les seules femmes du groupe. Ce n’est pas facile tous les jours avec les hommes. »
Le titre « Yé », signifiant « eau » en soussou, a été choisi par la troupe pour cette pièce. En utilisant des bouteilles en plastique sur scène, les artistes guinéens illustrent les défis liés à la pénurie d’eau, tout en suscitant une réflexion sur divers enjeux.
Les artistes communiquent tour à tour avec le public en soussou avant d’être projetés dans un filet rempli de bouteilles vides. Richard Djoudi, le producteur, souligne que ces acrobates se sont donné pour mission de sensibiliser leur public à travers leur art : « Les jeunes ont souhaité aborder des thèmes tels que l’eau, car la Guinée est le Château-d’Eau de l’Afrique de l’Ouest, mais où nous vivons, l’eau est rare ou intermittente. Nous voulions aussi parler de la corruption, du manque d’électricité et de la violence contre les femmes. Tous ces sujets viennent des artistes eux-mêmes. »
Face aux défis environnementaux et sociaux, Circus Baobab transmet une énergie explosive au public à travers le cirque, offrant une expérience artistique africaine à couper le souffle.