Le scrutin en Iran était suivi avec attention à l’étranger car l’Iran, poids lourd du Moyen-Orient, est au coeur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s’oppose aux Occidentaux. Les premiers à réagit à l’élection du nouveau président Massoud Pezeshkian sont été ses alliés traditionnels, notamment les pays partenaires au sein de l’OCS, l’organisation de coopération de Shanghai.
Pendant sa campagne, Massoud Pezeshkian a plaidé pour un Iran plus ouvert sur l’Occident, appelant à des « relations constructives » avec Washington et les Européens, afin de « sortir l’Iran de son isolement ». Mais les ambitions et la personnalité de Massoud Pezeshkian ne pèseront qu’à la marge soulignent les observateurs : c’est le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei qui donne le « la ».
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Le premier chef d’État à saluer l’élection du nouveau président iranien a été le président russe Vladimir Poutine, qui a adressé ses « félicitations sincères » au nouveau président iranien, a annoncé le Kremlin dans un communiqué. « Les relations russo-iraniennes ont le caractère amical et de bon voisinage », a déclaré M. Poutine, dans un message de félicitations adressé à M. Pezeshkian. Pays alliés lourdement sanctionnés par les Occidentaux, la Russie et l’Iran « coordonnent leurs efforts de manière efficace pour résoudre les questions d’actualité internationale », a-t-il fait valoir. « J’espère que votre activité au poste de président va contribuer à un renforcement ultérieur d’une coopération bilatérale constructive tous azimuts pour le bien de nos peuples amicaux », a souligné numéro un russe.
L’Arabie saoudite, autre poids lourd régional
Le second poids lourd international et régional à féliciter le nouveau président iranien a été le roi Salmane d’Arabie saoudite. « Nous vous adressons nos sincères félicitations et nos meilleurs voeux de succès et de réussite, en espérant continuer à développer les relations qui lient nos deux pays et nos deux peuples frères », a dit le souverain saoudien dans son message, selon l’agence SPA. Il a souligné aussi sa volonté de « poursuivre la coordination et la concertation afin de renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales ».
Le royaume sunnite d’Arabie saoudite et l’Iran, à majorité chiite, ont repris leurs relations diplomatiques en mars 2023 après sept années de rupture, dans le cadre d’un accord négocié par la Chine. Les deux poids lourds du Moyen-Orient, qui ont longtemps soutenu des camps adverses dans des conflits régionaux, multiplient depuis les signes de rapprochement.
Même tonalité en Syrie, où le président Bachar al-Assad a exprimé le souci de son pays « de renforcer les relations stratégiques » avec l’allié iranien. Téhéran apporte une aide financière et matérielle décisive au régime de Bachar el-Assad, en guerre depuis treize ans contre son peuple.
Une longue histoire d’échanges avec la Chine
« La Chine et l’Iran ont une longue histoire d’échanges amicaux, et leurs relations bilatérales ont connu un développement sain et stable (…) depuis plus d’un demi-siècle », a relevé M. Xi, selon l’agence d’Etat Chine nouvelle. « J’attache une grande importance au développement des relations entre la Chine et l’Iran et je suis prêt à travailler avec le président pour faire progresser le partenariat stratégique global entre la Chine et l’Iran », a ajouté M. Xi. « Face à des situations régionales et internationales complexes, la Chine et l’Iran se sont toujours soutenus mutuellement, ont travaillé ensemble et ont continué à consolider la confiance mutuelle stratégique… Cela a non seulement profité aux peuples de nos deux pays, mais a également contribué activement à la promotion de la paix et de la stabilité régionales et mondiales ».
La Chine est un proche partenaire de l’Iran, son plus grand partenaire commercial et l’un des principaux acheteurs de son pétrole sous sanctions. Les sanctions ont compliqué les efforts déployés par Pékin pour associer Téhéran à son vaste projet d’infrastructures des Nouvelles routes de la soie.
C’est aussi un allié stratégique comme en témoignent les récentes manoeuvres militaires navales, menées avec la Russie, dans le Golfe d’Oma net destinées à « protéger ensemble la sécurité maritime régionale ».
Par ailleurs, l’Iran a rejoint l’année dernière l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une organisation à visée économique et sécuritaire promue par Pékin et Moscou.
Entre l’Inde et Iran, un long pipeline d’échanges
« J’ai hâte de travailler en étroite collaboration avec vous pour renforcer davantage nos chaleureuses et anciennes relations bilatérales dans l’intérêt de nos peuples et de la région », a écrit le Premier ministre indien Narendra Modi sur le réseau social X. Téhéran et New Delhi entretiennent des relations étroites, la République islamique ayant été pendant de nombreuses années le principal fournisseur de pétrole du géant d’Asie du Sud, aujourd’hui cinquième économie mondiale, jusqu’à ce que les sanctions américaines ne réduisent les échanges.
New Delhi a dû trouver un point d’équilibre entre ses relations avec Téhéran, ses liens avec Washington –les États-Unis et l’Inde sont tous deux membres de l’alliance de sécurité Quad– et ses bonnes relations avec Israël.
En mai, l’Iran et l’Inde ont signé un contrat visant à développer et équiper le port iranien de Chabahar, dans le cadre d’un accord qui donnerait à New Delhi un accès de 10 ans à l’installation, déclenchant une vive réaction de Washington qui a averti que les entreprises impliquées risquaient d’être sanctionnées.