L’annonce récente du chef de l’État tunisien, Kaïs Saïed, convoquant une élection présidentielle pour le 6 octobre 2024 marque une étape cruciale dans le paysage politique de la Tunisie. À l’expiration de son mandat de cinq ans à l’automne, cette élection est attendue avec anticipation et incertitude quant à la participation de Saïed lui-même.
Spécialiste de la Constitution et élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed a consolidé tous les pouvoirs après un coup de force survenu le 25 juillet 2021. Confronté à un blocage politique persistant, il a destitué le Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre. Cette action a été suivie par l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum à l’été 2022, instituant un système de deux chambres aux pouvoirs très restreints : l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un Conseil national des régions et des districts.
Critiquée par ses opposants pour favoriser une dérive autoritaire, cette réforme constitutionnelle a transformé la Tunisie d’un régime parlementaire en un système ultra-présidentialiste, concentrant davantage de pouvoir entre les mains du président.
Depuis le printemps 2023, la répression politique s’est intensifiée avec l’incarcération de principaux opposants, dont le chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi. Ces mesures ont suscité des critiques internationales et alimenté les préoccupations quant à la démocratie et aux droits de l’homme en Tunisie.
L’approche de l’élection présidentielle de 2024 soulève des questions cruciales sur l’avenir politique du pays. L’annonce de Kaïs Saïed quant à sa candidature potentielle pourrait redéfinir le paysage politique tunisien et avoir des implications profondes sur la stabilité et la gouvernance démocratique dans la région.